Alcester

Blottie au pied abrupt des Monts d’Alcester, la ville s’étire sur une succession de plateaux naturels que les habitants ont appris à dompter. Les premières maisons apparaissent dès la fin de la route montagneuse, mais l’essentiel de la cité se niche contre une paroi rocheuse monumentale, qui domine tous les toits comme un géant silencieux.

L’endroit respire une énergie rude et authentique. Les bâtiments sont construits en pierre sombre extraite des montagnes voisines, agrémentés de renforts en métal et de charpentes épaisses capables de supporter les vents violents qui descendent des sommets enneigés. Les rues sont souvent étroites, serpentant entre des maisons étagées, reliées par des escaliers et des passerelles de bois renforcé. Dans les moments où les nuages accrochent la montagne, la ville semble flotter dans la brume.

Le Quartier des Forges occupe toute la partie basse. C’est un entrelacs de ruelles chaudes et vibrantes de bruits de marteaux. On y fabrique armes, outils, greffes mécaniques et pièces de machines rares ; la réputation des artisans de la région dépasse largement les frontières de Tollin. Le crépuscule transforme parfois ce quartier en un spectacle rougeoyant, où les braises éclairent les façades comme un chœur de lucioles ardentes.

Plus haut, sur une terrasse naturelle aménagée en demi-cercle, se trouve le Cœur de la Citadelle, un ensemble de bâtiments civils, de petites casernes et d’auberges discrètes fréquentées par voyageurs, guerriers et érudits de passage. Au centre se dresse la Tour du Guetteur, un ancien observatoire militaire reconverti en lieu d’étude des astres et des anomalies des montagnes. Certains affirment qu’on y surveille aussi d’étranges mouvements dans les pics environnants.

Le soir, la cité s’endort lentement. La lueur des forges s’éteint, remplacée par des lampes à huile disposées le long des escaliers et des terrasses, dessinant un chemin lumineux qui serpente vers les hauteurs. Le silence n’est troublé que par les craquements de la roche et le souffle du vent.

Malgré son apparence minérale et austère, la ville est chaleureuse avec ceux qui respectent son rythme. On y trouve une population fière, marquée par la montagne, mais toujours prête à partager un repas chaud ou une histoire transmise dans le fracas des marteaux.

Pour les voyageurs, Alcester n’est pas seulement un endroit où s’arrêter : c’est une épreuve, une découverte, et parfois un appel vers les secrets enfouis dans les monts qui l’abritent.