Les Créateurs

Bien avant l’avènement des royaumes actuels, avant même que les premières chroniques n’évoquent des civilisations disparues, existaient déjà des forces que l’on appelle aujourd’hui les Créateurs.
Il ne s’agit pas de dieux tels que les cultes les imaginent : aucune statue ne leur rend hommage, aucun temple ne leur est dédié, et aucun récit populaire ne les invoque comme protecteurs des mortels.
Les Créateurs représentent plutôt des principes fondamentaux, des réalités si anciennes et si essentielles qu’elles précèdent toute histoire connue.
La seule certitude admise par les sages et les arcanistes est que le monde — dans ses lois, dans ses formes et dans ses possibles — porte encore les traces durables de ces forces originelles.
Elles n’agissent plus directement, si tant est qu’elles l’aient jamais fait, mais leur empreinte structure toujours le réel, parfois d’une manière si subtile que même les plus grands esprits n’en comprennent que des fragments.
Les érudits classent aujourd’hui ces forces en quatre grands Concepts, non pas pour leur donner une identité, mais pour tenter d’appréhender ce qui dépasse l’entendement.
🜂 Le Concept de Forme
Ce principe fondamental est associé à la structure même du monde matériel.
On pense qu’il est à l’origine :
- de la solidité des éléments,
- des contours des êtres vivants,
- des règles qui définissent ce qui tient, ce qui tombe, ce qui se brise.
Certaines ruines cyclopéennes ou artefacts impossibles à reproduire semblent encore résonner de ce Concept, comme si la matière y obéissait à des règles plus anciennes que le reste du monde.
Les mages spécialisés dans la manipulation de la pierre, du métal ou des objets animés étudient parfois ces vestiges pour en comprendre les traces.
🜁 Le Concept de Changement
Là où la Forme fixe, ce Concept fait évoluer.
Il est associé aux cycles, aux mouvements, aux phénomènes qui transforment le monde et le renouvellent :
- croissance des plantes,
- alternance des saisons,
- flux des courants et des vents,
- impulsions émotionnelles et vitales.
Ceux qui se rapprochent de la nature — druides, chamans, alchimistes — affirment percevoir ce principe dans chaque élément qui naît, meurt et renaît.
Certains pensent même que la magie vivante et spontanée provient encore en partie de cette force primordiale.
🜃 Le Concept de Conscience
Ce principe est considéré comme l’étincelle qui permit aux êtres de percevoir, de comprendre et de réfléchir.
Les sages le décrivent comme la source :
- de l’esprit,
- de la mémoire,
- de la perception du soi,
- de la capacité à choisir et à imaginer.
Les écoles de magie mentale ou spirituelle recherchent ses traces dans les phénomènes psychiques, dans les rêves, et dans les rares manifestations où l’esprit touche au surnaturel.
Certains chercheurs avancent que l’apparition de l’intelligence mortelle n’est pas un accident, mais une conséquence naturelle de ce Concept.
🜄 Le Concept d’Horizon
Le plus mystérieux des quatre.
Ce principe concerne l’espace, les distances, les dimensions et la possibilité même que plusieurs réalités existent.
Il serait responsable :
- de la forme du ciel,
- de la profondeur des mers,
- des frontières entre les mondes,
- des phénomènes inexpliqués qui relient un lieu à un autre.
Les artefacts liés aux étoiles, aux portails ou aux anomalies magiques semblent intimement connectés à ce Concept.
Les érudits le qualifient souvent de « principe dangereux », non par malveillance, mais par sa nature incompréhensible.
Aujourd’hui, nul ne sait si ces Concepts furent conscients, intentionnels, ou simplement des forces naturelles ayant modelé le monde avant de s’effacer.
Aucun culte officiel ne les adore, aucune prière ne leur est destinée.
Pourtant, tous reconnaissent qu’ils restent à l’origine :
- des lois de la nature,
- de la magie telle qu’elle est comprise,
- des phénomènes que ni la science ni les arcanes ne peuvent expliquer.
Les Créateurs n’ont pas disparu : ils sont devenus les lois mêmes du monde.
Et chaque fois qu’un mage manipule la matière, qu’un druide ressent les cycles, qu’un prêtre apaise un esprit, ou qu’un voyageur contemple les étoiles, il interagit — sans le savoir — avec l’écho toujours présent de ces forces primordiales.