Corhill

À l’est de Tollin, séparée par un bras de mer aux eaux tranquilles, s’étend Corhill : une île douce et lumineuse, connue pour ses terres généreuses et ses paysages façonnés par des siècles d’agriculture. Vue du large, elle ressemble à un damier de champs dorés, de pâturages vallonnés et de bosquets soigneusement préservés, délimitant des villages modestes mais prospères.
L’air y est toujours chargé d’embruns mêlés au parfum du foin coupé. Les vents marins glissent entre les collines, faisant onduler les blés comme des vagues terrestres. Les habitants vivent au rythme des saisons : semis au printemps, moissons en été, transhumance légère à l’automne, et hiver passé à entretenir granges, filets de pêche et outils.
Le principal débarcadère, Port-Couronne, forme le lien vital entre l’île et le reste du monde. Quelques quais de pierre, un marché simple où l’on troque légumes, poissons et sel, et une petite mais robuste capitainerie qui surveille les flux de marchandises. On dit souvent que le vrai trésor de Corhill ne se trouve pas dans ses coffres, mais dans ce qu’elle envoie vers Tollin : céréales, fromages, salaisons, herbes rares cultivées dans des jardins clos.
Un chemin sinueux relie le port aux terres centrales où s’étend Haut-Corhill, un hameau perché sur la colline qui a donné son nom à l’île. Les maisons y sont bâties en pierre blanchie, avec des toits de chaume ou d’ardoise sombre. Une vieille chapelle domine le paysage, et son clocher, visible de presque partout, sert de repère aux pêcheurs comme aux voyageurs.
Plus au nord se trouvent les Prairies de Lunecreux, réputées pour abriter les troupeaux les plus robustes de la région. Le sol y est riche, et l’herbe, nourrie de sel apporté par les vents, donne une saveur particulière au lait et aux fromages locaux. Les éleveurs y sont fiers, parfois brusques, mais toujours prêts à ouvrir leur table aux étrangers de passage.
La côte sud est plus sauvage. Falaises friables, criques dissimulées, grottes sculptées par les vagues… C’est là que se rassemblent les quelques familles de pêcheurs qui perpétuent des techniques anciennes de séchage et de fumage. La région est connue pour ses légendes : silhouettes aperçues au large, voix portées par le vent, et épaves trop anciennes pour que l’on puisse dater leur origine.
Bien que paisible, l’île n’est jamais complètement isolée. Les rumeurs circulent vite, portées de barque en barque. Un navire étranger aperçu au large, une bête inconnue repérée dans les champs, ou un fermier qui prétend avoir vu une lumière étrange près des dunes : tout devient sujet de conversation. Les habitants restent prudents, car les ressources sont précieuses et l’île dépend de son fragile équilibre.
Pour les voyageurs, Corhill offre un répit bienvenu : un monde simple, chaleureux, où les plus grandes richesses poussent dans la terre nourrie par les marées. Un endroit où l’on vient pour souffler… et où l’on repart souvent avec bien plus que quelques provisions.